Pétain, Franco... Le destin de la France et de l'Espagne aux jours les plus sombres de leur histoire a dépendu de ces deux chefs d'Etat, l'un et l'autre chefs militaires aux niveux les plus élevés. Le fait n'aurait rien d'extraordinaire si Pétain et Franco n'avaient des souvenirs communs et des affinités idéologiques, malgré la réputation de ''légalisme républicain'' qui entourait la personnalité du Maréchal avant son accession au pouvoir.
De la guerre du Rif et la nomination de Pétain comme ambassadeur auprès du ''gouvernement de Burgos'' jusqu'aux relations entre le régime de Vichy et l'Etat franquiste dont la rencontre de Montpellier fut l'événement majeur, Matthieu Séguéla retrace, dans une approche très originale, l'itinéraire d'une forme d'amitié qu'il n'est pas exagéré de considérer comme une alliance tacite après 1940. Elle n'était pas sans nuages quand il s'agissait des prétentions espagnoles sur l'Afrique du Nord mais prenait un aspect peu connu d'échanges étroits dans le domaine religieux.
L'un des apports les plus originaux de ce livre novateur réside dans l'examen minutieux du sort des quelque 250 000 réfugiés de la guerre civile espagnole qui restèrent en France pendant les années sombres. Et cet épisode douloureux n'est pas le moindre dans l'histoire des relations entre Pétain et Franco.
