Sans ce triangle d'or, Matisse, Gauguin, Cézanne, le fauvisme ne serait jamais né à Collioure durant l'été 1905. Car la lumière, certes unique, du petit port méditerranéen est loin de tout expliquer>. Pour Matisse, le message de Gauguin est là, tendu par les artistes catalans (Maillol, Terrus, Monfreid) : la couleur doit s'adresser "au centre mystérieux de la pensée" ; dans le meme temps, le souvenir de Cézanne remonte, avec ses "sensations colorées" capables d'ordonner, d'apaiser l'esprit. C'est cette marche du cerveau matissien que Jean-Pierre Barou suit pas à pas quand, loin de Paris, l'artiste fauve se déleste des lois de l'impressionnisme, de la notion d'école, des règles du plaisir rétinien, "abimant tout" pour fonder un nouvel art de peindre et de vivre.