71 POESIE (s)

...et que soit ma parole pour rien
sinon la nuit tendre du printemps
et par elle,
ainsi viennent sur mes lèvres
les lèvres de l'amante,
par elle en sa fraicheur
les noms, l'amour
de la douceur.

Pascal Riou
Comme en un jour

Aime
ce jour, cette nuit
et tout ce qui vient trop tard...
Ainsi se rencontrent les saisons.

Emmanuel Dall'Aglio
Demeure d'étranger

Une femme vit seule avec les deux enfants qu'elle a eus d'un homme maintenat disparu. C'est la vérité de cet amour qu'elle tente de saisir, de reconstituer par fragments. Mais jamais, lui semble-t-il, ses mots ne feront vraiment une "histoire". Sa propre vie lui échappe : c'est comme si elle ne savait plus rien de "ce qui s'est passé".

L'écriture de Marie Cosnay, à la fois rigoureuse et poétique, a ce caractère implacable qui convient à l'expression d'une telle exigence, d'une telle passion de vérité.
J.-M. B.

Il faut atteindre le poème par un sentier perdu
où les mots roulent comme des pierres sous les pieds :
rude avancée au rythme des coups feutrés du coeur
Didier Pobel

Je veux noir je dis noir aux enfants là-bas.
C'est le sable c'est la mer c'est le noir
et les enfants assis en rond. Il chantent ils s'en foutent eux
Michel Thion

A l'aube de nos voyages, revient
l'ancienne peur, près de mentir... Le
coeur s'attarde, on veut piocher la terre
à livres, les doux pays des langues.

Mais une fraicheur de linge, parfois,
saisit nos tempes, étonne. Quel drame
hier tira nos pas hors de la route, quelle
main sut débatir ce qu'une vie n'aura pu
restaurer ?
Patrick Guyon

Elle
a commencé par enlever le cou-
vercle et puis tout doucement elle
est sortie de son bocal.

il
animal autant que le chien par
terre quand ils se roulent, et alors
qu'est-ce qui la gene ?

il
et elle savent les souffrances pour
sortir de leurs ombres, se désen-
combrent de leurs peurs, osent quel
scandale se servir du mot joie.

L'Oiseau à quatre ailes - c'est-à-dire l'ange, selon la mystique musulmane - est la version française de l'anthologie de son oeuvre poétique.

"Les dieux forgent les malheurs pour que les générations humaines ne manquent pas de quoi chanter."
Homère
cité par William Ospina

William Ospina dresse ici un tableau du XXe siècle : Nietzsche, Apollinaire, Kafka, Woolf, Picasso, en sont les figures emblématiques. Hess, Mussolini, Hiroshim, aussi...
Une tentative singulière de dire l'Histoire de notre continent et, à travers elle, de chanter la terre colombienne.

Le souhait d'etre homme de peu de paroles. Pourquoi ? Parce que tout est sans rive, insondable, infini. Les phénomènes les plus simples. Les contradictions irréductibles. Les auto-illusionnements, pièges, cercles vicieux. Les illusions que l'on a, dont on veut se débarrasser, tout en ayant besoin de leur présence : "J'avais trop bon caractère pour rompre moi-meme avec mes erreurs anciennes. Je les ai emportées, dès le départ. On ignore à quoi elles peuvent servir."

Si j'énumère tout ce que je trouve
de plus beau, de plus effrayant,
de plus grand, de plus petit,
de plus chaud, de plus froid...
que je mélange ensuite tout ça à ma façon,
j'obtiens de droles, tendres et joyeux poèmes.

Rien n'est plus beau...
qu'un méli-mélo d'images et de mots.